6 heures du matin : l’immense forme sombre, tel un sanctuaire fantasmagorique, se détache dans le ciel mauve. Pas âme qui vive, à part le souffle de l’aurore. Angkor Vat, le plus grand, le plus connu, le plus majestueux des temples montagnes d’Angkor, dort encore. En pénétrant par la porte de l’Est, on se félicite (assez égoïstement) de l’absence des milliers de touristes qui ne sont pas encore revenus en masse fouler cette cité de légende, après deux années de Covid.

Alors, on profite en regardant le soleil se lever sur ce joyau, construit dans la première moitié du XII^e siècle par le roi Suryavarman II. Car Angkor reste Angkor, et la beauté du site met K.O. Il dégage toujours ce romantisme cinématographique qui donnerait envie de suivre n’importe quel Indiana Jones au fil de la danse lascive des apsaras, des visages gigantesques de Bouddha au mystérieux temple Bayon, des bas-reliefs sculptés de Preah Khan, jusqu’aux ruines de Ta Prohm, envahies par la jungle où des artisans indiens s’affairent à rehausser les linteaux sculptés risquant de s’effondrer.

Il faut dire que l’explosion à la fois démographique, urbanistique et touristique de Siem Reap (plus de 5 millions de visiteurs en 2019 !), et l’un de ses corollaires, la croissance des besoins en eau, entraînent la baisse du niveau de la nappe phréatique et fragilisent la stabilité des temples millénaires. Des villageois présents sur le site classé au patrimoine mondial, ont aussi été relogés plus loin, à la demande du gouvernement. Siem Reap, tranquille petite bourgade il y a encore vingt ans, est devenue une mini-ville ceinturée par les investissements chinois, où les guest houses et les complexes hôteliers ont poussé comme des champignons.

Aujourd’hui, les étrangers reviennent peu à peu, très attendus par une population parmi la plus pauvre d’Asie. Sur Pub Street, Sivutha Boulevard et aux abords du vieux marché, les marchands d’échoppe ont retrouvé le sourire et les chauffeurs de tuk-tuk somnolent à l’ombre des frangipaniers en attendant de charger les clients. Autour des rues de Kandal Village ou d’Aviary Square, les rues s’animent à nouveau au gré des petites boutiques proposant le meilleur de l’artisanat local et des miniconcept stores de créateurs (mode, bijoux, œuvres d’art…).

Après avoir grignoté un excellent prahok ktis (porc à la crème de coco) au resto Sugar palm, on s’offre un afternoon tea délicieusement vintage à l’hôtel Amansara, un havre de design tropical sixties, ambiance zen et béton blanc. Niché au sein de l’ancienne résidence des invités du roi Sihanouk, il accueillit notamment Jackie Kennedy et Charles de Gaulle. Datant des années 1960, le bâtiment de forme circulaire, assez unique, vaut à lui seul le détour. Et emprunter la Mercedes noire vintage (modèle 600 Pullman, pour les connaisseurs) pour filer sur Angkor avant l’heure d’ouverture au public est un must. Enfin, on s’échappera pour boire l’apéro au Raffles Grand Hotel, reflet de la splendeur de l’époque coloniale, avec ses jardins luxuriants et son mobilier alliant réminiscences Art déco et beaux objets khmers. Ici aussi, le temps n’a pas repris sa course.

Y aller

Vietnam Airlines propose 3 vols par semaine Paris CDG-Siem Reap (via Hô Chi Minh-ville à partir de 795€ l’A/R Rens. www.vietnamairlines.com

Y dormir

Hôtel Amansara

Des chambres et suites épurées et zen, une piscine magnifique, un spa de rêve et des dîners fins sur la terrasse. Rens. aman.com et amansara@aman.com

La Maison Polanka, 9 chambres dans un décor khmère et design au goût exquis.

Maisonpolanka.com

Y manger

Le little Red Fox Espresso, parfait pour déguster un plat et un bon café avant d’aller visiter les temples thelittleredfoxespresso.com

Y shopper

Des vêtements ou jolis objets au concept store Maison Sirivan. (Kandal Village).

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