Au Cambodge, l’opposition exclue des élections parlementaires de juillet

Le chef des armées cambodgiennes, Hun Manet (au centre), fils du premier ministre, lors d’une cérémonie militaire à Phnom Penh, le 20 avril 2023. Le chef des armées cambodgiennes, Hun Manet (au centre), fils du premier ministre, lors d’une cérémonie militaire à Phnom Penh, le 20 avril 2023.

Le Candlelight party, ou Parti de la bougie, la seule force d’opposition crédible au régime de Hun Sen au Cambodge, n’a pas été autorisé par la commission électorale à participer aux élections législatives du 23 juillet pour des arguties techniques peu convaincantes. Ce parti, qui avait déposé le 6 mai son dossier de candidature, s’est vu signifier, lundi 15 mai, que les originaux de son enregistrement auprès du ministère de l’intérieur manquaient. Or, ce document a été confisqué lors de perquisitions effectuées en 2017. Ses dirigeants ont fait valoir qu’il avait pourtant été autorisé, sur les mêmes critères, aux élections locales de 2022, en présentant de nouvelles attestations. Le parti a fait appel auprès de la Cour constitutionnelle, dont la réponse est attendue d’ici à la semaine prochaine.

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Peu de personnes croient en une décision en sa faveur. « J’estime ses chances à 1 % », souligne Mu Sochua, l’opposante en exil aux Etats-Unis. Les institutions cambodgiennes sont en apparence démocratiques, mais elles sont sous le contrôle du Parti du peuple cambodgien (PPC) et du premier ministre, Hun Sen, âgé de 70 ans et au pouvoir, sans partage, depuis 1998. L’homme fort du Cambodge, qui accueille du 5 au 17 mai à Phnom Penh les Jeux d’Asie du Sud-Est dans un magnifique stade offert par la Chine, donne depuis le début de l’année des signes peu subtils laissant à penser qu’il ne tolérera pas d’opposition aux élections.

L’enjeu de ce scrutin est crucial : il devrait entériner le passage de relais à son fils Hun Manet, aujourd’hui chef des armées. Hun Manet se présente pour la première fois comme tête de liste du PPC à Phnom Penh en juillet. « Aux élections de 2013, l’opposition avait remporté sept des douze sièges de Phnom Penh. Or, Hun Manet doit mener le parti à la victoire. Hun Sen a plusieurs fois répété de manière très claire qu’il utilisera tous les moyens contre ceux qui s’opposeraient à son projet de transfert du pouvoir », poursuit Mu Sochua. Phnom Penh rassemble une population plus éduquée et moins sensible que les campagnes aux avances ou intimidations du PPC, estime l’opposition.

Des cadres en exil

Les élections de 2013 avaient confirmé, aux yeux du régime, la menace que constituait le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), qui unissait les formations prodémocratie du défenseur des droits de l’homme Kem Sokha et de l’opposant historique Sam Rainsy. Le PSNC avait remporté 44 % des 125 sièges du Parlement, contre 48 % pour le parti au pouvoir, un défi réel pour Hun Sen. En conséquence, le PSNC fut dissous en 2017, laissant le PPC remporter les 125 sièges du Parlement – sans que Hun Sen n’eût à payer un coût véritable en matière de réputation ou de sanctions de la part de la communauté internationale de nature à être dissuadé de recommencer.

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