Au Cambodge, le régime de Hun Sen interdit le principal média indépendant

Ith Sothoeuth, directeur du Centre cambodgien pour les médias indépendants, le 13 février 2023, dans les bureaux de VOD, à Phnom Penh. Ith Sothoeuth, directeur du Centre cambodgien pour les médias indépendants, le 13 février 2023, dans les bureaux de VOD, à Phnom Penh.

Dernier site d’information indépendant du Cambodge, Voice of Democracy (VOD) ferme ses portes pour un article jugé « calomnieux » envers le gouvernement, et plus précisément Hun Manet, le fils du premier ministre, Hun Sen, et son successeur pressenti. « En tant que premier ministre, ma décision est définitive », a signifié, le 13 février, l’autocrate au pouvoir depuis trente-huit ans, après avoir d’abord donné un ultimatum à VOD pour exiger des « excuses », puis jugé ses « regrets » insuffisants. La licence du média a été révoquée.

Commandant en chef adjoint, derrière son père, des forces armées cambodgiennes, Hun Manet, 45 ans, est, depuis 2021, « préparé » à lui succéder par toutes sortes d’ajustements formels – le Parti du peuple cambodgien (PPC), au pouvoir, en a par exemple fait son futur candidat comme premier ministre. L’article qui a provoqué les foudres du régime, publié en khmer le 9 février, affirmait qu’il avait signé, au nom de son père, l’approbation d’une aide humanitaire pour le séisme en Turquie – en violation du protocole qui n’autorise une telle délégation de pouvoir qu’en faveur d’un ministre. VOD citait en outre un porte-parole du gouvernement jugeant « permise » l’action présumée de Hun Manet. Ces informations, selon Hun Sen, seraient « fausses ». Le porte-parole est aux abonnés absents.

Préparer la succession

Le faux pas de VOD, si c’en est un, est intervenu alors que Hun Sen amorçait, à Pékin, en compagnie de son fils, une visite officielle de trois jours en Chine – une manière, selon les observateurs, de s’assurer du soutien pour la succession à venir du généreux protecteur dont le Cambodge est devenu l’allié indéfectible dans la région. La Chine « s’opposera résolument aux forces extérieures qui interfèrent dans les affaires intérieures au Cambodge », a d’ailleurs promis le président Xi Jinping à ses invités, selon l’agence Xinhua – soit, dans le langage du Parti communiste chinois, la presse libérale, les ONG et les militants prodémocratie.

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Au Cambodge, la fermeture de VOD permet de neutraliser opportunément le seul média indépendant influent avec 1,8 million d’abonnés sur sa page Facebook en khmer, à l’approche des élections législatives de juillet. En 2017, la radio avait déjà perdu sa licence, devenant un site Internet, lors de la grande vague de répression intervenue six mois avant les législatives de 2018, tandis que les autres médias indépendants étaient fermés ou rachetés. En parallèle, le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), la formation d’opposition qui a remis en question la suprématie du parti de Hun Sen aux législatives de 2013, était dissous et ses dirigeants emprisonnés ou exilés.

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