Au Cambodge, le cirque pour alerter sur les dangers des antibiotiques

Une campagne originale contre l’usage abusif des antibiotiques

Une campagne de sensibilisation à la mauvaise utilisation des antibiotiques a été lancée au Cambodge en s’appuyant sur des spectacles de cirque pour faire passer le message.

Cette initiative vise à alerter sur la résistance microbienne, un problème croissant de santé publique mondiale lié à l’usage excessif de ces médicaments. Si le phénomène n’est pas maîtrisé, le développement de nouveaux traitements deviendra de plus en plus coûteux, a averti Rashaad Wijntuin, coordinateur de la campagne.

Un déficit de sensibilisation préoccupant au Cambodge

Selon Wijntuin, les connaissances des Cambodgiens sur la résistance antimicrobienne sont très limitées. Il appelle à l’instauration de règles strictes pour empêcher l’automédication. Étudiant néerlandais en santé publique internationale, il s’est rendu au Cambodge pour mieux comprendre l’usage local des antibiotiques et sensibiliser à leurs effets nocifs en cas de mauvaise utilisation.

Son action s’inscrit dans le cadre du projet EDAM (Electronic Clinical Decision Support for Acute Fever Management), mené par le Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit (MORU) basé en Thaïlande. Une cinquantaine de personnes issues du MORU Bangkok, d’Action for Health Development (AHEAD), du COMRU Cambodia, du cirque Phare Ponleu Selpak et du Centre national de parasitologie, d’entomologie et de lutte contre le paludisme (CNM) collaborent avec les autorités sanitaires provinciales sur ce projet.

Au Cambodge, le cirque pour alerter sur les dangers des antibiotiques

 

Un cirque pour sensibiliser les jeunes à la résistance microbienne

Constatant la prolifération de pharmacies en ville, souvent plus nombreuses que les épiceries, Wijntuin a choisi d’utiliser l’humour et les arts du cirque pour toucher les jeunes. Des représentations ont eu lieu à Battambang et à Siem Reap avec la troupe Phare Ponleu Selpak.

“Les artistes avaient une idée assez claire du message que nous voulions transmettre”, a-t-il expliqué. “Les représentations ont été un succès, et l’équipe a su faire passer le message de manière claire. Leur travail a été salué.”

Un diagnostic numérique testé pour encadrer les prescriptions

Phal Chanpheakdey, coordinateur du projet EDAM au Cambodge, a précisé qu’une étude menée par MORU auprès de 5000 personnes a montré que beaucoup s’auto-médicamentent, achètent des antibiotiques sans diagnostic médical, et ignorent les règles de bon usage. Les résultats complets de cette analyse ne sont pas encore publiés.

Un essai a été mené dans 30 centres de santé de la province de Battambang à l’aide d’une application mobile. Dans 15 centres, l’application servait uniquement au diagnostic, tandis que dans les 15 autres, elle permettait à la fois le diagnostic et la prescription.

“Les résultats sont en cours d’analyse”, a déclaré Chanpheakdey. “Si l’application s’avère efficace, elle pourra être utilisée dans d’autres pays en développement, en Asie ou en Afrique.”

Au Cambodge, le cirque pour alerter sur les dangers des antibiotiques

 

Le cadre réglementaire cambodgien en retard par rapport à la Thaïlande

Chanpheakdey souligne qu’il est difficile de comparer l’usage des antibiotiques entre le Cambodge et d’autres pays. En Thaïlande, l’achat de médicaments sans ordonnance est strictement encadré. Les produits pharmaceutiques y sont divisés en trois catégories : en vente libre, sur ordonnance, et médicaments traditionnels.

Les médicaments sur ordonnance, plus puissants, comprennent les antibiotiques et les antidépresseurs. Les médicaments traditionnels, comme les remèdes à base de plantes, sont régulés séparément en raison de leur faible risque.

Des comportements à risque qui peuvent être mortels

Kros Sarath, directeur du département de la santé de Siem Reap, met en garde contre les pratiques dangereuses liées à l’automédication. “Quand on utilise trop d’antibiotiques, cela ne soigne pas la maladie, mais cela peut vous tuer”, a-t-il averti.

Selon Chanpheakdey, l’élaboration d’une réglementation efficace prendra du temps et nécessitera la coopération de tous les acteurs, y compris le ministère de la Santé. Il déplore que certains pharmaciens privilégient les profits au détriment de la santé publique. « Ce problème risque de s’enraciner si on n’agit pas rapidement. Mais on ne peut pas interdire totalement la vente d’antibiotiques, car ils restent nécessaires en cas d’urgence. »

Au Cambodge, le cirque pour alerter sur les dangers des antibiotiques

 

La résistance antimicrobienne, un défi sanitaire mondial

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la résistance antimicrobienne (RAM) est responsable de 5,2 millions de décès dans la région Pacifique occidental.

Au Cambodge, la surconsommation d’antibiotiques est largement liée à l’absence de prescriptions médicales, notamment pour traiter les infections respiratoires ou la diarrhée chez les enfants. Le contrôle des ventes est encore très limité.

Une étude menée en 2021 auprès de 2005 personnes à Phnom Penh, Siem Reap et Prey Veng a révélé que si 86,5 % des participants connaissaient les antibiotiques et 58,4 % la notion de résistance, seuls 1,2 % savaient qu’ils ne sont efficaces que contre les infections bactériennes.

Avec l’aimable autorisation de Cambodianess qui nous permet d’offrir cet article à un public francophone. 

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