Au Cambodge, Hun Sen passe la main à son fils après 38 ans au pouvoir

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Trois jours après les élections législatives du dimanche 23 juillet, le Premier ministre a annoncé son retrait. La fin d’une ère, au profit d’une transition dynastique mais pas démocratique.

Après 14 099 jours au pouvoir, Hun Sen tire sa révérence. Il l’a annoncé mercredi 26 juillet dans un discours solennel qualifié « d’historique » par la presse cambodgienne. L’ancien Khmer Rouge est arrivé au pouvoir en janvier 1985, à l’époque où Ronald Reagan présidait les États-Unis et François Mitterrand la France.

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Aujourd’hui, 70% de la population cambodgienne a moins de 40 ans, mais n’a connu que lui à la tête du pays. Ce record de longévité est signé par un dirigeant qui a traversé les époques, su s’adapter pour naviguer au grès de la guerre froide et des crises internationales, jusqu’à la domination de la Chine dans cette partie du monde aujourd’hui. Même son principal opposant, exilé en France, reconnaît « son génie d’avoir survécu à tous les bouleversements« .

Depuis 1985, Hun Sen a accompagné la transformation du Cambodge, qui a connu un développement rapide et profond, grâce aux aides internationales et aux investissements étrangers, en particulier chinois. Mais à quel prix ? En 38 ans, Hun Sen, son parti et son clan ont mis la main sur des pans entiers de l’économie du pays, sur toutes les institutions, toutes les administrations, la presse a été muselée, la vie politique verrouillée, l’opposition réprimée, en exil ou en prison. Dernier exemple : la législative mi-juillet, à laquelle le seul parti susceptible de peser face à lui n’a pu participer, pour un pseudo-vice de procédure. Résultat, 120 sièges sur 125 pour la formation de Hun Sen.

Après Hun Sen, 70 ans, c’est son fils Hun Manet, 44 ans, qui va être nommé Premier ministre. Diplômé de l’académie militaire de West Point, doctorant en économie, il est aujourd’hui commandant en chef de l’armée cambodgienne, qui a toujours été, avec la police, à la solde du pouvoir de son père. Hun Manet est aussi devenu un éminent cadre du parti de son père, qui l’a adoubé depuis déjà plusieurs mois. Il lui manquait en revanche un mandat pour devenir Premier ministre et remplacer le patriarche. C’est chose faite, avec son élection comme député de Phnom Penh dimanche dernier.

Un scrutin taillé sur mesure pour déguiser cette transition dynastique en processus démocratique, avec une opposition muselée, une criminalisation de tout appel au boycott et des Cambodgiens quasiment contraints d’aller voter : nouvelle loi interdisant aux abstentionnistes d’exercer dans la fonction publique, menaces des chefs d’administrations locales de couper les services publics de base aux électeurs récalcitrants.

En résumé, une transition bien ficelée, mais pas totalement sûre, car c’est toute la génération Hun Sen qui va se retirer. Au sein de son parti, il a donc fallu négocier ces derniers mois la répartition des postes entre les enfants de chaque ministre, chaque responsable. Et si malgré tout, le pouvoir de Hun Maret était menacé de l’intérieur, le père Hun Sen reste là pour veiller : il lâche son poste de Premier ministre, mais va briguer la présidence du Sénat et ne lâche pas la tête de son parti.

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