Au Cambodge, des Jeux du Sud-Est asiatiques soutenus par la Chine et à la gloire de Hun Sen

Le premier ministre cambodgien, Hun Sen, lors de la cérémonie de clôture de SEA Games de Phnom Penh, le 17 mai. Le premier ministre cambodgien, Hun Sen, lors de la cérémonie de clôture de SEA Games de Phnom Penh, le 17 mai.

Pour accueillir les Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games) du 5 au 17 mai à Phnom Penh, le Cambodge a mis les grands moyens : les 12 000 athlètes qui ont participé aux 36 sports – olympiques ou « folkloriques » – de cette 32e édition ont découvert un complexe sportif grandiose de 160 millions de dollars (148 millions d’euros), offert spécialement pour cet événement par la Chine, des cérémonies aussi high-tech que raffinées mises en scène par une équipe de techniciens et metteurs en scène… chinois, et une capitale, Phnom Penh, dont les nouveaux gratte-ciel et les résidences de luxe – souvent construits par la Chine – la mettent sur le chemin de l’urbanité clinquante emprunté par Bangkok et Ho Chi Minh-Ville. Le Cambodge a terminé à la très honorable quatrième place en nombre de médailles et s’est même permis une petite griserie nationaliste en imposant à « ses » jeux la boxe « Kun khmer » – au grand dam de la Thaïlande, dont la fédération de Muay Thai (le nom olympique du sport, c’est-à-dire la boxe thaïlandaise) a retiré son équipe.

Il faut dire que le Cambodge était le seul des dix pays de l’Association des Nations d’Asie du Sud Est (Asean) à ne jamais avoir organisé ces jeux régionaux, qui se tiennent tous les deux ans et dont il figurait parmi les pays cofondateurs en 1958. Même le Laos l’avait coiffé au poteau en 2009, grâce à un stade lui aussi offert par la Chine. Le Laos et le Cambodge sont les seuls en Asie du Sud-Est à avoir bénéficié de la « diplomatie du stade » que Pékin déploie depuis des décennies en Afrique ou en Amérique latine.

Mais les SEA Games 2023 furent aussi, et surtout, la consécration d’un règne – celui de Hun Sen, premier ministre depuis 1985 – ou, pourrait-on dire, son autocélébration. Grand prince, le premier ministre avait choisi d’exempter de frais d’inscription l’ensemble des délégations sportives et de rendre gratuits les tickets et les droits de rediffusion télévisée. Le stade des SEA Games, un complexe sportif polyvalent qui évoque le voilier des premiers explorateurs chinois et le geste de salutation khmer, les deux mains jointes, a pour nom : Morodok Techo, ou « l’héritage de Techo », un terme qui signifie « le puissant » et fait partie du très long titre honorifique royal par lequel les médias locaux ont l’obligation de désigner le premier ministre, alias « Samdech Akka Moha Sena Padei Techo Hun Sen ». Le roi, qui n’a qu’un rôle symbolique dans cette monarchie constitutionnelle de 17 millions de personnes, n’a d’ailleurs été vu à aucune des cérémonies d’ouverture ni de clôture que Hun Sen a présidées.

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