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Au Cambodge, bilan mitigé pour le tribunal chargé de juger les dirigeants des Khmers rouges

Khieu Samphan, ancien chef d’Etat du Kampuchéa démocratique, 91 ans, à Phnom Penh, le 22 septembre 2022. Khieu Samphan, ancien chef d’Etat du Kampuchéa démocratique, 91 ans, à Phnom Penh, le 22 septembre 2022.

C’est une fin discrète, presque honteuse. Le 22 septembre, à Phnom Penh, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) ont rendu leur dernier verdict dans l’indifférence générale. Les juges de cette juridiction unique en son genre, mise en place avec le soutien des Nations unies en 2007 pour juger les responsables des atrocités commises par les Khmers rouges entre 1975 et 1979, ont rejeté l’appel de Khieu Samphan, condamné à la prison à perpétuité. Agé de 91 ans, l’ancien président du Kampuchéa démocratique, régime génocidaire d’inspiration maoïste, est le dernier des accusés encore en vie. Le tribunal spécial, avec ses centaines d’employés cambodgiens et étrangers, son cortège d’avocats, de greffiers, de traducteurs, va plier bagage lorsqu’il aura achevé sa mission d’archivage de ses travaux.

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Pour quel bilan ? Les CETC ont, en quinze ans, dépensé un montant estimé à 337 millions de dollars (339 millions d’euros) pour juger cinq personnes et en condamner trois. Outre Khieu Samphan, le tribunal spécial a condamné Nuon Chea, l’ancien idéologue du régime des Khmers rouges, à la prison à vie – il est mort en 2019 derrière les barreaux. Kaing Guek Eav, alias « Douch », l’ancien chef de la sinistre prison S21, où des milliers de personnes ont été torturées et exécutées, a été également condamné à la perpétuité en 2012, avant de mourir huit ans plus tard. Ieng Sary, l’ancien chef de la diplomatie du régime génocidaire, s’est éteint pendant son procès, en 2013 ; son épouse, Ieng Thirith, ex-ministre des affaires sociales, atteinte de démence sénile, a été déclarée inapte à être jugée et a été libérée en 2012.

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Les espoirs nés de la création de ces Chambres, pourtant, étaient immenses, à l’image des crimes commis pendant le règne sanglant des Khmers rouges. Cette sombre période, au cours de laquelle 1,7 million de Cambodgiens ont perdu la vie, n’était même pas abordée dans les programmes scolaires. Pol Pot, le « frère numéro un » à la tête du régime khmer rouge, est mort dans la jungle en 1998. Ses subordonnés se sont ralliés les uns après les autres au premier ministre Hun Sen et coulaient une retraite paisible. A l’étranger, juristes et historiens débattaient de la sémantique de la tragédie. S’agissait-il d’un génocide, alors que les bourreaux comme la plupart des victimes étaient des Cambodgiens ? Devait-on parler d’« autogénocide », au risque d’amalgamer criminels et suppliciés ?

La fin de l’impunité

A cet égard, le bilan des CETC est assurément positif. Le procès de Douch, l’ex-patron de la prison S21, a été l’occasion d’une véritable catharsis. L’attitude de l’accusé a dérouté les victimes : après avoir, à de nombreuses reprises, présenté ses excuses, Douch a, au dernier jour de son procès en première instance, demandé, contre toute attente, à être acquitté. Ses années de collaboration avec la justice internationale ont toutefois permis d’acquérir une connaissance fine du fonctionnement du terrible centre de détention qu’il dirigeait.

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