À la découverte du musée des Beaux-Arts et de la Dentelle et ses « pépites

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Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d'Alençon
L’équipe de onze personnes du musée, dont Bénédicte Marin, conserve et présente de nombreuses œuvres dont le voile de mariée au point d’Alençon, datant de la fin du 18e siècle, pièce maîtresse des lieux. ©L’Orne hebdo

C’est dans un cadre prestigieux, celui de l’ancien collège des Jésuites, que le musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, à Alençon (Orne), accueille ses visiteurs. L’établissement occupe une partie de la cour carrée depuis 1981.

Que vous soyez un habitant du pays d’Alençon ou un touriste de passage, le musée alençonnais est un lieu qui vaut le détour. Il met évidemment à l’honneur la dentelle au point d’Alençon, savoir-faire d’exception inscrit depuis 2010 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco.

Des « pépites » au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle

Mais le parcours des collections permanentes propose aussi une découverte d’œuvres des beaux-arts et une évasion au Cambodge. « On est très identifié « dentelle », mais les deux autres départements n’ont pas moins d’intérêt », insiste Bénédicte Marin, qui compose l’équipe de onze personnes qui fait vivre le musée.

Parmi les tableaux exposés, la responsable du Service des publics cite « quelques pépites » comme Le Mariage de la Vierge de Jean-Baptiste Jouvenet, vertigineux avec ses quatre mètres de hauteur, L’Assomption de la Vierge de Philippe de Champaigne, artiste « influent » du 17e siècle, ou encore les deux peintures de Eugène Boudin, considéré comme l’un des précurseurs de l’impressionnisme. 

Musée beaux-arts dentelle Alençon
Les artistes locaux ont aussi leur place dans le musée avec un espace dédié aux peintres de l’Orne ou ayant peints dans le département bas-normand. ©L’Orne hebdo

Le musée des Beaux-Arts et de la Dentelle se découpe donc en trois départements : la dentelle, les Beaux-Arts et le Cambodge. 

Le voile de mariée au point d’Alençon, pièce maîtresse du musée

Le premier est tout sauf une surprise ! Durant plusieurs siècles, la cité des Ducs a été un haut lieu de la fabrication de la dentelle. En 1665, Louis XIV y a installé la première manufacture royale pour concurrencer la dentelle de Venise, en Italie.

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Au musée, une grande salle retrace l’histoire de la dentelle à l’aiguille, des premières techniques à la fin du 15e siècle aux artistes contemporains. La lumière est tamisée, l’espace climatisé, pour ne pas abîmer les pièces exposées.

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La dentelle est une œuvre organique qui supporte assez mal les variations de température.

Bénédicte Marin, responsable du Service des publics au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon

L’espace regorge d’œuvres remarquables dont un éventail du 20e siècle, à la technique « poussée au maximum », et, surtout, l’exceptionnel voile de mariée en point d’Alençon, acquis aux enchères en 2018 pour la somme 65 000 €. « C’est la pièce maîtresse du musée », reconnaît la responsable, au sujet de ce trésor de la fin du 18e siècle qui trône au milieu de la salle.

Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d'Alençon
La dentelle à l’aiguille, notamment celle du point d’Alençon, est particulièrement mise à l’honneur. ©L’Orne hebdo

Sa conception aurait demandé entre 350 000 et 500 000 heures de travail… « Généralement, les visiteurs qui sortent du musée gardent l’image du voile en tête. »

Une technique « de très haute précision »

Une seconde pièce, plus petite, se focalise sur le processus de fabrication de la dentelle du point d’Alençon, en dix étapes, du dessin artistique aux finitions. «

La dentelle au point d’Alençon est une technique de très haute précision, transmise à l’oral de génération en génération, qui justifie sa renommée. Un cm² représente près de sept heures de travail.

Bénédicte Marin

Trois jours par semaine, les dentellières de l’Atelier conservatoire national partagent les secrets de leur savoir-faire d’excellence lors de démonstrations au musée.

Attention portée à la scénographie

Mais comme l’a rappelé Bénédicte Marin, le musée des Beaux-Arts et de la Dentelle ne se limite pas à la dentelle. Trois pièces sont consacrées à des tableaux et des sculptures des beaux-arts, organisés selon les époques et les thématiques (portraits, natures mortes…). Certaines œuvres s’accompagnent d’anecdotes « croustillantes ».

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Une attention est portée dans l’agencement du parcours de visite. Comme cette sculpture en dentelle de l’artiste contemporaine ornaise Marjolaine Salvador-Morel, dans une salle des beaux-arts, chaque pièce a une place qui ne relève pas du hasard.

« Dans la scénographie, on essaie de créer des passerelles, un lien entre les œuvres, de façon subtile », précise Bénédicte Marin. Avec l’idée de « mettre en valeur » au maximum les œuvres.

Musée des beaux-arts et de la dentelle Alençon
Le musée se découpe en trois départements : la dentelle, les beaux-arts et le Cambodge. ©L’Orne hebdo

Un coin est également réservé aux artistes ornais ou ayant peints dans l’Orne, comme l’huile sur toile de la chapelle de Saint-Céneri-le-Gérei par Bernard Buffet.

Pour tous les âges

Au même titre que plusieurs autres pièces, un espace jeux (coloriages, puzzles…) est agencé pour que la visite s’ouvre à tous.

« Ce sont des outils de médiation pour que les plus jeunes s’approprient l’art autrement, ici avec le jeu. Notre mission est de donner l’accès aux œuvres au plus grand nombre », indique celle qui travaille depuis un an et demi au musée.

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« La gratuité des classes incite également les parents à venir ensuite », note Fabienne Mauger, adjointe au maire d’Alençon, en charge des affaires culturelles.

Bénédicte Marin Fabienne Mauger
Bénédicte Marin, responsable du Service des publics du musée, et Fabienne Mauger, adjointe au maire d’Alençon en charge des affaires culturelles. ©L’Orne hebdo

Un voyage dans la culture khmer

La troisième partie du parcours de visite des collections permanentes abrite une salle dédiée à l’ethnologie du Cambodge et de l’Asie du Sud-Est. Les pièces acquises proviennent du fonds d’Adhémard Leclère (1853-1917), un Alençonnais qui a travaillé au Cambodge.

« Il est considéré comme le premier ethnologue de la culture khmer », présente Bénédicte Marin. On y trouve des objets de rite, d’autres liés à la vie spirituelle, quotidienne ou encore culturelle.

Musée des beaux-arts et de la dentelle Alençon
Le fonds Cambodge a été constitué par l’Alençonnais Adhémard Leclère. ©L’Orne hebdo

Une collection de 25 000 pièces

Mais si tout ce qui est exposé offre une visite passionnante, d’environ 1h30 si on n’est pas pressé, ce que l’on voit n’est que la « face émergée de l’iceberg ».

Le musée à la longue histoire – un premier décret pour réunir et présenter les œuvres des saisies révolutionnaires a été rendu en 1794 à Alençon – compte près de 25 000 pièces. « On n’a pas la place pour tout exposer », rigole la responsable du Service des publics.

Au musée des Beaux-arts et de la Dentelle : visites guidées, ateliers, animations jeunesse, concert…
Durant l’été, le musée des Beaux-arts et de la Dentelle est ouvert sept jours sur sept et propose de nombreuses animations. ©L’Orne Hebdo

La richesse des réserves permet alors une rotation des collections en salle et la conception de deux à trois expositions temporaires par an. « Ce qui permet aux Alençonnais qui connaissent presque par cœur le musée de revenir et de voir autre chose », souligne Fabienne Mauger. Avec, à chaque fois, une scénographie revue de fond en comble.

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« On change la peinture, l’architecture, pour immerger au mieux le visiteur », présente Bénédicte Marin.

Des expositions temporaires

Jusqu’au dimanche 3 septembre, Zenga expose ses créations faites de soie sauvage et de dentelle. L’artiste française, « aux inspirations orientales du sud de l’Espagne jusqu’au Japon », y représente un univers végétal. Les astres aussi.

Elle invite les visiteurs à se balader comme dans un jardin persan. Elle sollicite les sens : la vue, avec les couleurs en dentelle, l’ouïe, avec la présence d’une fontaine et de boîtes à oiseaux.

Bénédicte Marin

De quoi donner envie de s’y perdre au détour d’une visite cet été, période de « hausse sensible » d’accueil pour le musée.

Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d'Alençon
L’exposition temporaire de Zenga est visible jusqu’au dimanche 3 septembre 2023. ©L’Orne hebdo

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Ouvert sept jours sur sept l’été, le musée reçoit environ 16 000 visiteurs chaque année.

Un copieux programme d’animations rythmera le musée en juillet et août : visites guidées, animations pour enfants, démonstration de dentellières…

Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, cour carrée de la dentelle, à Alençon. Horaires d’été : du lundi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, samedi et dimanche de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h. Tarifs : adultes 4,10 €, réduit 3,05 €, gratuit pour les moins de 26 ans et bénéficiaires de minima sociaux. Gratuit pour tous le premier dimanche de chaque mois.

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