En France comme dans de nombreux pays, la dépression est une maladie de moins en moins taboue et de mieux en mieux diagnostiquée. Est-ce pour cela que l’on voit les chiffres la concernant exploser depuis quelques années ? Selon Santé Publique France, depuis 2021, les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté pour rester à un niveau élevé en 2023. La tendance est d’autant plus marquée chez les 18-24 ans. Dans cette tranche d’âge, ils étaient 20,8% à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7% en 2017 (soit un peu avant la pandémie de Covid-19). Les jeunes semblent donc les plus impactés mais on sait aussi que les femmes ont plus tendance à être sujettes aux épisodes dépressifs que les hommes.
C’est pourquoi, la dépression est au cœur de nombreuses recherches, les scientifiques essayant de mettre au point les traitements les plus efficaces possibles pour le plus grand nombre de personnes. Selon une étude parue le 31 juillet dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, des conseils nutritionnels et une activité physique régulière seraient tout aussi utiles que la psychothérapie traditionnelle dans la prise en charge d’une dépression non sévère. Ainsi, les diététiciens et les physiologistes de l’exercice pourraient être formés et redéployés pour faire partie du personnel de santé mentale, mettent en avant les chercheurs. Une idée intéressante quand on sait que la France fait face à une véritable pénurie de psychiatres. En 2022, seuls 15 000 d’entre eux étaient actifs dans l’Hexagone, dont plus de la moitié en hôpital.
Pour leur étude, les chercheurs du Food and Mood Centre de l’Université Deakin (Australie) ont suivi 182 personnes souffrant de dépression légère à modérée et les ont réparties en deux groupes. Le premier a suivi une « thérapie de style de vie ». Chaque séance a été dispensée par une diététicienne et une physiologiste de l’exercice. Ces derniers ont donné des conseils concernant l’activité physique et l’alimentation. Les participants ont notamment été encouragés à manger de manière plus variée, à privilégier des aliments végétaux riches en fibres et à limiter ceux contenant beaucoup de graisses saturées et de sucre ajouté. Ils ont également reçu un Fitbit pour pouvoir suivre leurs progrès.
La première étude du genre
Le deuxième groupe a quant à lui suivi une thérapie cognitivo-comportementale (TCC), dispensées par deux psychologues. Cette thérapie comporte des méthodes pour gérer les pensées et comportements parasites. En outre, les personnes de cette cohorte ont également reçu des cahiers d’exercices et des balles anti-stress.
A la fin des huit semaines, les participants du premier groupe voyaient leurs symptômes dépressifs réduits de 42% contre 37% chez ceux du deuxième groupe. Ainsi, 42 individus auraient réellement bénéficié d’une meilleure alimentation et de plus d’exercice.
Il s’agit de la première étude du genre, se félicitent les chercheurs. « Contrairement à d’autres domaines de la médecine, comme la cardiologie, l’endocrinologie ou le traitement du diabète, où les modifications du mode de vie sont vraiment la pierre angulaire de l’autogestion, elles ont traditionnellement été perçues en santé mentale et en psychiatrie comme un complément, déclare la professeure Adrienne O’Neil, auteure principale de l’article. Mais ces dernières années et avec la publication de cet essai, nous pouvons être plus confiants quant à leur place au cœur des bons soins psychiatriques. » La chercheuse mène désormais une enquête pour déterminer si on peut observer des résultats similaires chez les personnes souffrant de graves troubles mentaux.
Reproduire ces résultats hors Covid et avec plus de participants
D’autres recherches seront également nécessaires afin de voir si ces résultats peuvent être reproduits quand « les participants n’étaient pas soumis à des confinements ou à des restrictions connexes ». En effet, l’étude a eu lieu en pleine pandémie de Covid-19. En outre, l’échantillon de l’essai était assez petit et surtout composé de femmes. Les résultats devront donc être reproduits dans le cadre d’une étude plus vaste.
Qui plus est, « il est important de noter que cette étude ne suggère pas que les personnes qui recherchent des soins de santé mentale devraient être renvoyées chez elles pour qu’elles gèrent elles-mêmes leur santé mentale en modifiant leur mode de vie », insiste Scarlett Smout, chercheuse associée au Centre Matilda de recherche sur la santé mentale et la toxicomanie de l’Université de Sydney, qui n’a pas participé à l’étude.
« Je pense que la suggestion des auteurs selon laquelle les professionnels paramédicaux pourraient être perfectionnés pour fournir des interventions en santé mentale est enthousiasmante dans le contexte d’un effectif de santé mentale si sollicité. Le scénario idéal serait que les gens puissent accéder aux deux types de soins de santé mentale (basés sur le mode de vie et la psychothérapie), et non à l’un ou l’autre », conclut-elle.
Comment distinguer le blues passager de la dépression clinique ?
D’autant plus que les personnes soumises à l’étude ne souffraient pas de dépression grave mais de dépression légère à modérée. En France, afin de pouvoir faire la distinction entre blues passager et dépression clinique et de pouvoir se soigner en conséquences, l’Inserm et la Haute Autorité de Santé ont publié sur leur site une liste de symptômes caractéristiques de cette maladie.
Ils se comptent au nombre de neuf et sont les suivants : une tristesse continue, un désintérêt total envers des activités autrefois favorites, une fatigue perpétuelle, des idées noires récurrentes, une perte d’appétit ou au contraire un rapport compulsif à la nourriture, des difficultés à se concentrer et à retenir les choses, le sentiment de ne pas être à sa place et d’être bon à rien, des troubles physiques (maux de ventre, perte de désir sexuel…) et un ralentissement psychomoteur (vous parlez lentement, vous bougez lentement, comme si tout en vous fonctionnait au ralenti).
Si vous vous reconnaissez dans au moins deux des trois premiers symptômes définis ci-dessus, prenez immédiatement rendez-vous avec un médecin. Pour les patients représentant entre cinq et sept de ces caractéristiques, la dépression est considérée comme légère et modérée. Au-delà de huit, elle est dite sévère.
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